Publié le : 15 septembre 20218 mins de lecture

Comme beaucoup d’entre nous, je suis avec une certaine ferveur l’avancée de la réforme des institutions proposée par notre Gouvernement. Je ne vais pas polémiquer sur le pour ou contre cette réforme mais plutôt à la manière dont elle est « proposée » à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

Je tiens à préciser que malgré le fait d’adhérer à un parti différent, ceci n’est en aucun cas une attaque contre l’UMP dans son ensemble mais bien une critique de sa méthode de gouvernance actuelle.

Lorsqu’on milite dans un parti, et encore plus lorsqu’on est élu sous son étiquette, cela signifie d’abord que l’on adhère aux valeurs de ce parti. Cela signifie aussi que l’on est d’accord avec ce que proposent une partie des autres militants ou élus, mais pas forcément la majorité. Par essence des valeurs de notre République, nous nous devons de respecter la liberté de penser et donc de choisir de chacun d’entre nous. Cela est encore plus valable lorsque l’on adhère au même parti, d’autant qu’on se bat exactement pour les même valeurs. Dans le cas contraire la réalité du parti deviendrait une simple mise en scène ayant perdu toute raison d’exister.

Hors, si nous suivons la manière dont Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jean-François Copé ou encore plus hallucinant, Bernard Accoyer (Président de l’Assemblée Nationale), se démènent pour « retourner » les récalcitrants, on a de quoi se poser des questions sur le respect accordé aux élus de leur propre parti.

Tous les moyens sont bons pour le « oui » !

On commence par la méthode « classique » de la pression idéologique par personne interposée : Bernard Tapie ou même Jacques Chirac en ont fait les frais, sciemment poussée à « convaincre » leurs fidèles amis. Lorsque l’on se remémore un peu l’historique, c’est proprement déconcertant d’aller jusqu’à tenter de mêler l’ancien Président de la République à cette affaire, il a d’ailleurs refusé de jouer le jeu et je l’en remercie en tant que citoyen libre.

Ensuite, on peut aller un peu plus loin, pourquoi pas un redécoupage de circonscription pour les députés les plus résistants ? Oh mais ce n’est qu’un bruit de couloir, bien entendu je n’ai aucune preuve, juste l’article d’un grand journal pourtant réputé pour être à droite.

Et le pire, c’est que ça marche !

On en arrive à ce que la tête de file du « non » parmi les députés UMP, Bernard Debré (Député UMP de la 15ème circ. de Paris), vote contre ses propres convictions. De ses propres mots : « En fait, je me fais violence pour voter ce texte et cela a été une décision difficile pour moi. Mais je me suis laissé convaincre pour d’autres motifs, et je n’ai rien demandé en échange. ».

Ces autres motifs sont :

« je ne veux pas m’associer aux socialistes » : Quel est le rapport entre voter « non » et s’associer aux socialistes ? C’est une plaisanterie ! Depuis que la démocratie existe, il y a toujours eu des partis et des personnes qui n’étaient pas d’accord au sein de ces mêmes partis, cela n’a heureusement jamais signifié qu’elles devaient à chaque fois changer de parti.

« L’attitude de François Hollande qui appelle sur son blog les députés UMP à venir le rejoindre me hérisse. » : Je suis allé sur son blog et je ne vois aucune part d’appel de ce genre, soit je ne sais pas lire soit cela a été effacé… d’ailleurs si un appel de ce genre avait existé, je ne l’approuverais pas non plus. Mais que cela ait été écrit ou non, c’est aussi une excuse digne d’un écolier : depuis quand a-t-on besoin de voter par rapport à ce qu’il se passe dans l’assiette du voisin ?

« il est important que l’on serre les rangs derrière le président de la République » : C’est une action très brave mais peu convaincante. Encore une fois, quel est le rapport avec l’acceptation de la réforme ? D’ailleurs nous sommes dans un République de séparation des pouvoirs et un député n’a absolument pas à tenir compte du bon vouloir d’un Président pour voter une réforme… Etre brave est la plus belle des qualités pour un soldat, mais le pire des défauts pour un élu.

Et le respect des valeurs de la République ?

Il se trouve que j’ai pris comme exemple Bernard Debré car il a au moins eu le courage d’avouer les raisons réelles de son choix, je le respecte donc pour sa franchise mais suis réellement déçu par son raisonnement.

Je déteste la démagogie mais je ne pas m’empêcher de me demander : « paye-t-on plus de 6 000 euros par mois nos députés pour voter par simple esprit partisan, par simple esprit d’opposition (ce que vous critiquer en continu d’ailleurs à l’UMP…) ou par simple bravitude ? ».

En tout cas, je ne voyais pas les choses comme ça : le Gouvernement et l’Assemblée Nationale sont chez moi deux institutions séparées, il n’y pas de « rangs » dignes du Moyen-Age avec un Président et des ministres qui se situeraient au-dessus des députés et des sénateurs et les orienterait dans leurs décisions. Un sénateur ou un député est un élu d’assez grande envergure pour être capable de se fier à ses convictions. Dans le cas contraire, il ne mérite pas d’avoir été élu et se moque donc de la confiance de ses citoyens.

Mon humble proposition pour le Gouvernement

De ma courte expérience, et beaucoup font à mon avis de cette manière, lorsque l’on propose un projet et qu’il ne passe pas, on commence d’abord par proposer ce sur quoi la grande majorité est d’accord, en laissant en discussion les autres points. C’est exactement la même méthode que la catastrophe du CPE : un projet de loi pour l ‘égalité des chances complet qui comportait pourtant d’autres propositions intéressantes mais un refus catégorique de faire sortir le CPE de ce projet a définitivement fait couler le projet.

Il faut croire que c’est une habitude !

Le mot de la fin

Pour conclure, deux phrases de Jacques Myard (Député UMP de la 5ème circ. des Yvelines) qui résume très simplement la situation actuelle : « Si on interrogeait les députés UMP à bulletins secrets, 40 % d’entre eux voteraient contre. […] Moi, je ne vote pas avec la gauche, je vote selon mes convictions. ».

Il y en a au moins un parmi les partisans du « non » à l’UMP…