Le gouvernement irakien a exigé mardi des Etats-Unis un calendrier pour le retrait total des troupes de la coalition, condition sine qua non à la conclusion d’un accord à long terme entre les deux pays, mais Washington y a opposé un refus. “Nous n’accepterons aucun mémorandum d’accord s’il ne précise pas de date spécifique pour un retrait complet des troupes étrangères d’Irak”, a déclaré Mouaffak al-Roubaïe, conseiller pour la sécurité nationale du gouvernement irakien. “Nous parlons bien d’un retrait total des troupes étrangères. Il est très difficile de définir une date précise pour le départ de ces forces”, a ajouté M. Roubaïe, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Najaf (centre) après y avoir rencontré la plus haute autorité religieuse chiite du pays, l’Aytollah Ali al-Sistani. Mais les Etats-Unis ont de nouveau fait savoir mardi qu’un retrait n’était envisageable qu’en fonction des “conditions sur le terrain”. “Le gouvernement américain et le gouvernement irakien sont d’accord sur le fait que nous, les Etats-Unis, voulons nous retirer et nous retirerons. Mais cette décision sera prise en fonction des conditions sur le terrain”, a déclaré un porte-parole du département d’Etat, Gonzalo Gallegos. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait demandé lundi pour la première fois aux Etats-Unis de fournir un calendrier de retrait de leurs troupes. Il avait notamment reçu le soutien du puissant mouvement d’opposition chiite de Moqtada Sadr, bête noire de Washington. La Maison Blanche avait ensuite assuré ne pas négocier de date fixe, auquel le président Bush s’est constamment opposé. M. Bush a toujours dit vouloir adapter la tactique aux circonstances et refusé de lier les mains de ses généraux. Le débat sur le retrait des troupes ressurgit alors que Washington et Bagdad négocient un accord stratégique devant notamment régler l’épineuse question de la présence américaine dans le pays après 2008, en offrant un cadre légal pour le maintien des forces américaines à l’expiration, le 31 décembre 2008, du mandat donné par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les discussions semblaient bloquées dernièrement face à une forte opposition des leaders politiques irakiens. Le mouvement de Moqtada Sadr avait notamment estimé qu’un tel accord constituerait un instrument d’”esclavage éternel” de l’Irak. L’accord doit porter sur la présence éventuelle de troupes américaines, le nombre de bases que les Etats-Unis pourraient conserver dans le pays, le droit de l’armée américaine à détenir des civils irakiens, et l’immunité dont bénéficient pour l’instant les militaires américains. Un point litigieux semble avoir été réglé la semaine dernière après que le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a affirmé que les Etats-Unis avaient renoncé à l’immunité pour les compagnies privées de sécurité, dont des dizaines de milliers d’agents opèrent en Irak. La question du retrait d’Irak est un des enjeux majeurs de la présidentielle américaine de novembre. Le candidat républicain, John McCain, a apporté son soutien à la Maison Blanche en estimant mardi que le retrait des soldats américains devait être dicté par les conditions de sécurité sur place. “J’ai toujours dit que nous reviendrions à la maison armés de l’honneur et de la victoire, et non pas en fonction d’un calendrier”, a déclaré le sénateur de l’Arizona (sud-ouest). De son côté, le candidat démocrate Barack Obama, partisan d’un retrait des troupes de combat en 16 mois, a estimé qu’il était “encourageant que le Premier ministre (irakien) lui-même reconnaisse qu’en coopération avec l’Irak, il est temps pour les forces armées américaines de commencer à évoquer un calendrier de retrait”.